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20 gen 2020

Debray e l'«Ode à la salade»

di Luciano Caveri

Tutto nasce da un articolo su "Libération" di Cécile Daumas ed Aude Massiot, dedicato all'ultimo libro di Régis Debray, filosofo e studioso della comunicazione di massa. E' stato a suo tempo consigliere di François Mitterand e dunque in area socialista, ma l'imprinting politico deriva dall'esperienza giovanile di quando lottò al fianco di Ernesto "Che" Guevara e Fidel Castro e per questo finì in galera in Bolivia dal '67 al '70. Insomma un intellettuale gauchiste ("gauche caviar", ma non troppo) assai fecondo, che scrive in modo sempre interessante e stimolante e bisogna seguire la sua prosa con la dovuta attenzione per certe intuizioni illuminanti. L'articolo sul nuovo libro così esordisce: «Dans "le Siècle vert", essai à l'ironie cinglante, le philosophe salue la mobilisation contre le dérèglement climatique mais craint une nouvelle "idolâtrie" de la nature au détriment de la raison. Face à cette "sacralité", il préfère trouver un équilibre, entre "l'Internationale" et "l'Ode à la salade"».

Questo incipit ficcante mi ha convinto a comprare il libro, ma lo stesso articolo aggiungeva, come ulteriore stimolo intellettuale, di un Debray che «craint un dérapage vers les extrêmes et l'autoritarisme au nom de la vénération de la nature et de la pureté. Aurait-on oublié, au profit des petits oiseaux et des abeilles, la lutte des classes, la révolution et l'histoire, leitmotiv de ceux qui dénoncent la déliquescence morale et politique de la société, sa déculturation ambiante? Lui ne veut pas s'incliner devant les arbres». I libri vanno letti per capirli - e l'ho fatto - ma qui propongo alcune frasi estratte per cogliere certe preoccupazioni sul fatto che temi importanti non finiscano per essere equivocati e che nuove ideologie assumano caratteri fideistici da religione e si sa quanti certi "-ismi" abbiano fatto danni. Ad esempio si può cominciare con un'autocritica sul ruolo dell'uomo: «Le prédateur se découvre précaire et vulnérable, et quand on se sait fragile on devient plus fraternel, et responsable. Il découvre les coûts de son hubris, hier fabricatrice, aujourd'hui consumériste, et la lourde note à payer pour avoir voulu aller trop vite, trop haut et trop fort». Di conseguenza: «Notre petite boule terraquée demande grâce, ne faisons pas la sourde oreille. Puisque vouloir la transformer, c'était la saccager, notre premier devoir c'est de préserver le peu qui nous en reste, en y touchant le moins possible». Poi un'osservazione fulminante: «À la lumière rougeoyante des incendies parisiens de 1848 et 1871, une rigoureuse analyse, par Marx, des rouages du "Capital" a débouché sur un exaltant programme de refondation du monde qui a conquis bien des cœurset des consciences. La société numérique qui lui a succédé, engendre sous nos yeux, à la lumière non moins rougeoyante de nos forêts en feu, une nouvelle et saine exaltation, un autre mouvement d'idée lui aussi adossé à une science non plus sociale mais naturelle. Le point de mire n'est plus une société sans classes ni exploiteurs, mais sans carbone ni déchets à la dérive. L'ennemi principal n'est plus le patron mais la fumée d'usine». Prosegue più avanti estremizzando: «Bazarder ses couverts en plastique, se servir exclusivement d'ampoules basse consommation et de shampooings à l'huile de coco bio, n'admettre d'emballages que recyclables et pas d'autre litière pour son chat qu'à base de copeaux de bois et de résidus de maïs, économiser l'eau en se lavant les dents, boire son "Perrier citron" sans paille en polypropylène, renoncer au "Nutella" eu égard aux orangs-outans, et isoler son logis. Toutes précautions vernaculaires qui s'adossent à la vaste question des OGM importés, herbicides cancérigènes, bétonnage des terres arables, déchets nucléaires, lobbies pétrochimiques, et de l'avenir incertain réserve aux loups gris des forêts (l'homme étant un loup pour l'homme, thèse jusqu'ici non démentie par les faits, leur futur ne saurait nous être indifférent). Sur notre agend: défendre in situ les "ZAD", surveiller abattoirs, aquariums et zoos, renoncer à l'avion pour les vols intra-européens et se préparer au remplacement, si la voiture électrique devait s'avérer antiéconomique, du moteur thermique par la traction animale et le vélo pousse». E sullo stesso tono: «On doit néanmoins se réjouir de voir monter au créneau une génération de jeunes diplômés dont il y a tout lieu de craindre qu'ils ne savent pas distinguer, à la campagne, un chêne d'un bouleau, ou une aubépine d'un lilas, mais qui a le mérite de se chercher un autre avenir qu'assistant-chef de produit chez "Unilever", avec d'autres ambitions que d'avoir, un jour, trois "Ferrari" et deux hélicoptères à sa porte. Remercions-les de battre en brèche l'imbécillité du tout-économique, l'adoration nihiliste de l'argent, et l'affairisme cynique des dernières décennies. Qu'une nouvelle vague d'Occidentaux puisse concevoir un Occident où tout ne serait pas à vendre, utérus y compris, un autre mode de vie que celui qu'impose "la concurrence libre et non faussée", empêche les anciens de jeter le manche après la cognée». Il tono resta simile quando osserva: «Le "devenez chinois, cubain, algérien" de Sartre en 1960 est forclos. L'injonction, en 2020, c'est "devenez lapon, islandais ou danois". L'homme nouveau va au bureau à vélo, à Amsterdam, fait la vaisselle à Stockholm, du ski de fond près d'Helsinki, prend son congé paternité à Copenhague et plonge dans l'eau glacée à Oslo. À vrai dire, l'homme nouveau est une femme, cheveux courts, talons plats, une cheffe de gouvernement qui fait ses courses à la supérette, en payant son berlingot de lait pasteurisé avec sa carte bleue personnelle. Là où les dignitaires ne s'empiffrent pas de homard, où la piste cyclable est reine, l'air diaphane, les corps poncés, les comptes transparents, les syndicats coopératifs, les femmes, ministres des cultes, les temples, protestants, et les âmes, propres, là est le Bien». Penultima citazione: «Le calviniste marchait à l'imprimé et au papier Bible, l'écologiste à la vidéo et au tweet. Avec les pouvoirs épidémiques des réseaux sociaux et démultiplicateurs de l'image-qui-parle-toute-seule, l'état gazeux est optimal parce que malléable et ductile. L'organisation sans organigramme trouve naturellement sa place dans un air du temps qui remplace le gouvernement pas la gouvernance, le Parti par "notre famille", l'institution par l'association, la loi par le contrat, les sermonneurs par les influenceurs, les doctrines par les sensibilités, les syndicats par des collectifs, le clan par le réseau, la Révélation par la religiosité, en un mot, le vertical par l'horizontal. L'informalité de l'écologie politique, comme celle des obédiences évangéliques décentralisées, épouse les vents ascendants du siècle». Infine: «C'en serait une autre que l'antispécisme, amenant à penser que la planète se porterait mieux si un parasite outrageusement reproducteur acceptait de déguerpir. Il est établi que la biodiversité animale et végétale doit beaucoup au travail des hommes, la forêt de Fontainebleau à Colbert et au Code forestier, la pureté du lac d'Annecy aux stations d'épuration. Un plus de population n'est pas nécessairement un plus de dégradation. Homo sapiens n'a pas trop démérité puisqu'il a pu rendre jusqu'ici habitable, et parfois délectable, une croûte terrestre assez hostile au départ (sans préjuger de la suite)». Pensare fa pensare e non a caso al posto dell'anglicismo "Environnement", che tende ad escludere l'Uomo, Debray propone di usare il termine "Milieu". Il dibattito diventa interessante.